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GOLDEN DAYS
Interview exclusive pour le site Turquoise Fields

1986-88 | 1989 | 1990 | 1991-92-96 | 2009-10 | Exclusivités

A l'occasion de la sortie de leur quatrième album Out of the Blue, les membres de Little Nemo ont accordé une interview exclusive au Joker, l'auteur de ce site Turquoise Fields. La reformation, les concerts, le public, la composition et l'enregistrement du nouvel album... tout y passe pour un bilan de cette période de renaissance, de rencontres et de création.
Une interview fleuve pour un album avec une pochette maritime, cela coule de source...


La reformation sans Olivier vous a amené à redistribuer les rôles. Qu'est-ce qui a amené Vincent et Nico à échanger leurs instruments respectifs la guitare et la basse ? Est-ce que cela a été difficile de se réapproprier ce répertoire que vous n'aviez pas joué depuis quinze ans ?
Nico:
On avait déjà l'habitude d'échanger les instruments il y a vingt ans, mais pas sur tous les morceaux comme là. Pour ma part, je trouve plus simple de jouer de la guitare et de chanter que de jouer de la basse et chanter.
Vincent: L'idée d'échanger la basse et la guitare était destinée à amener un peu de "sang neuf". Personnellement, j'ai toujours eu envie de retrouver la basse (comme au début) car j'aime bien cet instrument à la fois rythmique et mélodique (et avec un faible pour les bassistes d'une manière générale: Stranglers, Cure, etc.). En fait, on a pas mal trié le répertoire pour tendre vers un set harmonieux et rythmique...
Yves: Note que Vincent tenait déjà la basse sur certains morceaux à l'époque et Nico la gratte. La rapidité de la reprise a été surprenante, surtout vis à vis du challenge de faire cela sans Olivier.
Ronan: Oui, c'est revenu assez vite, mais comme on a fait des versions différentes de certains titres pour le live (structure, introductions, etc.), certains morceaux se sont mis en place plus rapidement que d'autres. En plus, on voulait jouer des morceaux qu'on n'avait jamais joués sur scène (en tout cas dans cette configuration) donc ça a nécessité un peu de boulot aussi.

Quels ont été ces morceaux jamais joués sur scène et qu'est-ce qui vous a amené à les choisir?
Nico: "September" et tous les nouveaux morceaux je crois. Au tout début on a joué aussi "Bed in summer" de la K7 Froide et "Mad master".
Vincent: Quelques titres oldies de Past & Future, mais si j'ai bien compris cela a résulté d'une attente d'un certain public "gothique". Je pense à "Empty house" ou "Ballade des pendus" notamment... et çà a été un plaisir de les reprendre. Il parait que "La ballade des pendus" est considéré comme un "hymne gothique" ... C'est vrai que jouer "Alan's waiting" et "Be seeing you" est un vrai plaisir très "strangloïde" ...
Ronan: Pour moi : "Mad master", "September" (encore qu'il a été vite celui là), "Alan's waiting"… (époque K7 Froide ou Past & Future). Le choix, c'était plus sur des critères de plaisir de les jouer, ou mélodiques, ou rythmiques, ceux qui nous paraissaient les plus évidents à nous quatre en tout cas.
Yves: En fait pour moi qui ai rejoint Little Nemo après l'album Turquoise Fields, presque tous les morceaux avant Sounds in the Attic étaient à quelques exceptions près nouveaux pour moi (il y en a même que j'ai carrément découvert et des bijoux comme "La ballade des pendus"). On a même fait "Bed in summer" ou "Mad master" mais on ne les a pas retenus finalement... enfin pour l'instant.

Depuis la reformation, vous avez donné des concerts en France, en Italie, en Espagne. Quel est votre public aujourd'hui ? Est-il différent selon les pays ? Quelle différence voyez-vous avec les années 80/90 ? Dans votre manière de jouer, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui que vous ne pensiez pas faire alors ? A contrario, que ne faites-vous plus aujourd'hui ?


En concert au Bus Palladium en 2012 (photo Fred B.)
Nico: En Italie, le public est gothique à 80%, comme à Vicenza. A Rome, il y a en avait beaucoup aussi. A Barcelone et Paris, le public est plus contrasté! D'après les retours qu'on a eus, le public trouve le son plus rock que dans les années 80/90.
Vincent: Cela a été une super surprise d'être attendus dans divers pays d'Europe. Notre public demeure assez varié, avec toutefois une forte empreinte "new-wave", comme à l'origine finalement. Peut être plus extraverti en Espagne ... Quoi de nouveau ? Etre à l'aise sur scène, c'est nouveau pour moi ! je regarde moins mes pompes aujourd'hui, enfin je pense (j'espère...)
Ronan: Une partie de notre public a vieilli avec nous bien sûr, mais il y a aussi une part de public plus jeune qui nous a découvert à l'occasion de soirées, de DJ set… c'est vrai particulièrement en Espagne. On a aussi plusieurs contacts dans d'autres pays du monde dans des tranches d'âge assez jeune. Je ne vois pas de grosse différence dans le public. En tout cas, l'un des gros changements c'est le rapport direct entre le groupe et le public, notamment par le Net, les réseaux sociaux ... Dans la manière de jouer, je pense qu'on est plus à l'aise sur scène à présent et qu'on se "trouve" plus facilement. Ce que je ne fais plus : du pogo avec le chanteur!
Yves: Le public est moins décoré en oiseaux noirs... c'est dommage ça faisait un super spectacle pour nous ! En fait on joue davantage pour se faire plaisir il me semble sans vraiment prendre en compte telle ou telle image... et le public me parait avoir aussi évolué dans ce sens, donc tant mieux. En même temps il est curieux d'avoir une toute nouvelle génération.


Vos premiers enregistrements récents qui ont publiés ont été des commandes, pour des compilations, des reprises de " Love will tear us apart " de Joy Division pour la compilation Infrastition hommage à Ian Curtis (un morceau à choisir dans le répertoire du groupe) et de " Puppet queen " de Dorcel pour la compilation Str8line (le choix du groupe à reprendre est aléatoire). Comment avez-vous abordé cet exercice dans les deux cas, notamment l'écueil de reprendre le grand classique de Joy Division ? Nico, comment as-tu abordé ces premiers morceaux autres que ceux chantés par Olivier que tu pouvais t'approprier au chant ?
Vincent: Exercices très intéressants: voir comment s'approprier une idée extérieure ! Concernant notre reprise de Joy Division, je ne pense pas qu'on puisse parler "d'écueil" ... Heureusement ! Un bel hommage je pense.
Ronan: Pour le choix du titre de Joy Division, j'ai eu beaucoup de mal à me décider, j'aimais bien "Transmission" aussi. Et puis "Love will tear us apart" a été archi repris ... Mais on l'avait joué plusieurs fois avec une ambiance qui nous plaisait bien, donc on s'est lancés sans trop se poser de questions et tel qu'on le sentait. Pour Dorcel, on avait deux chansons qu'on avait particulièrement remarquées sur leur EP, et celle là s'est imposée ... avec quelques saucissonnages de structure de notre part!
Yves: Il me semble que cela a été super rapide, spontané et sans prise de tête. Sur Joy Division, on l'a fait tourner en concert avant et puis finalement on est revenu aux racines communes, en tout cas au niveau de l'idée qui est plutôt traitée à la Doors. Honnêtement, on ne peut pas reprendre des morceaux comme cela en se prenant au sérieux. On a même eu une choriste qui est venue au dernier moment. Pour Dorcel, j'adore le morceau initial. On s'est attaqué à la structure pour le raccourcir et l'adapter à notre feeling du moment.
Nico: En fait j'avais déjà chanté tout le répertoire de Little Nemo sur scène avant lors des différents concerts notamment celui de la Locomotive, donc j'étais entraîné au chant, j'ai d'ailleurs pris des cours de chant avec Lara Piombino, notre coach vocal avec Vincent, avant de faire des concerts. Sur "Puppet queen", j'ai fait une maquette avant chez moi pour m'entraîner avant le studio....! Sur Joy Division, j'ai tenté des modifications de ligne vocale par rapport à l'original. J'en suis finalement plutôt satisfait.

Ce sont finalement les premiers morceaux sur lesquels tu as pu chanter qui n'étaient pas des morceaux de Little Nemo chantés à l'origine par Olivier. Cela a dû te donner un peu plus de liberté au niveau du chant…
Nico: En fait, de nombreuses maquettes de out of the Blue avaient été enregistrées en 2009 dont "Last sunset", je n'en étais donc pas à mon coup d'essai en 2010 lorsque on a enregistré ces morceaux! Et dans la mesure où ces morceaux étaient des reprises, il fallait quand même que je m'assigne à respecter une certaine trame même si j'ai quelque peu modifié la mélodie sur certains passages de "Love will tear us apart".

Nous nous penchons maintenant sur la composition et l'écriture des nouveaux morceaux. Dans l'interview accordée à Elegy en 2009, lorsque vous parliez de composer de nouveaux morceaux, les pistes évoquées étaient entre autres le réenregistrement de morceaux issus des premières démos période K7 Froide voire antérieures ou des reprises. Finalement rien de tout cela ne se retrouve sur out of the blue. Quelle était votre intention musicale de départ ? Revisiter ce passé de vieilles démos, reprendre les sonorités de Sounds in the Attic et Turquoise Fields, ou chercher un style autre ? est-ce que votre public renouvelé et international a influencé le style des compositions ?
Vincent: Ben, non je pense, enfin je parle à titre personnel, avoir toujours voulu "inventer", enfin imaginer de nouvelles idées. Le fait que l'album ait été pensé "méditerranéen" est totalement indépendant du fait qu'on a été sollicités par des pays du bassin méditerranéen. Par contre, une chose qui est certaine, on a beau avoir envie de ressembler à un tel ou un tel ou un tel (ex: Beach Boys, Rolling Stones, Stranglers, …), au final on ressemble toujours à soi et ce même vint-cinq ans plus tard, et ça, c'est assez rigolo!
Nico: Pour ma part, l'intention musicale de départ était un genre d'électro new wave matinée de rock. Pour les nouveaux morceaux, on a travaillé à partir de maquettes réalisées chez moi, à partir d'idées venant de chacun donc la méthode de travail se rapproche plus de Sounds in the Attic et de Turquoise Fields que de The World is flat, à la différence que ces maquettes ressemblaient plus à une pré production qu'à des maquettes quatre pistes, les moyens technologiques ayant évolué depuis vingt ans. D'ailleurs, certaines pistes enregistrées à la maison ont intégralement été reprises dans l'album.
Ronan: Mon intention était clairement de partir sur de nouvelles pistes, tout en gardant à l'esprit ces anciens albums. Mais il était certain que le traitement serait différent du fait de la collaboration à quatre, avec nos cultures musicales différentes pour chacun. Je ne pense pas qu'on soit influencé par le public ; je pense qu'on retrouve des "racines" des anciennes compositions dans une certaine mesure, mais qu'elles ont évolué différemment. On est plus sur des sonorités électriques que "new wave", style boîte à rythmes et synthés.
Yves: Oui c'est vrai. L'idée du début, c'était juste de se reformer pour faire des concerts : genre on fait quelques dates et on s'en va. Faire des compositions, ça veut dire jouer des morceaux que personne ne connait et comme je l'ai dit auparavant, il y a vraiment des bijoux dans le vieux Little Nemo. Après, on s'est vraiment découvert une envie de composer.... Méditer ranée… ou en un seul mot ? Si on avait écouté le public, on aurait sans doute choisi des vagues un peu plus froides.

Vincent parlait aussi dans cette interview de retrouver des thèmes plus anciens dans l'histoire de Little Nemo, des civilisations anciennes. Le seul album sur lequel on peut parler de concept évident dans votre discographie était Past & Future. Est-ce que le fait d'avoir un concept est un besoin, une aide pour trouver l'inspiration ou bien aviez-vous tous des fantasmes de conteurs antiques inassouvis ? Vincent, en quoi ce concept des civilisations anciennes se rapporte-t-il aux débuts du groupe ?

Vincent: je ne pense pas que ce concept de civilisations anciennes se rapporte aux débuts du groupe... En fait, chaque album a été un "concept album" et je me rappelle que nous discutions des fois des nuits entières avec Olivier [Champeau] au sujet du thème que nous souhaitions développer, surtout pour Turquoise Fields, mais aussi bien sûr pour Past & Future et Sounds in the Attic, les "sons dans le grenier" qui se réfèrent à tous ces titres que nous avons concocté dans la maison de ses parents à Orsay, un peu comme dans un grenier.
Ronan: Moi, le côté antique ne m'attirait pas plus que ça (je serais plus "futuriste"), mais j'aimais bien l'idée d'un fil rouge sur l'album, d'une histoire qui se raconte de titre en titre.
Nico: Effectivement le côté antique est au départ une pirouette de Vince, pour aller encore plus loin dans le temps que le Moyen Age auquel se réfère souvent la musique gothique!
Yves: J'ai toujours aimé les albums qui ont un concept... Cela dit, il faut que cela reste discret sinon ça peu devenir chiant (Vous connaissez Magma...?). personnellement, le thème m'a inspiré. J'ai lu pas mal de trucs là-dessus et je pense que le fait qu'on ait une perception plus ou moins distante permet de garder ce concept suffisamment light. Question pour toi : A l'écoute, le concept s'entend ?

Le Bus Palladium en 2012 (photo Fred B.)

Oui, dans le titre des morceaux, les paroles... Mais musicalement, cela ne prend jamais le pas sur le meilleur concept qui soit: une collection de chansons variées et cohérentes.

Ronan: Tout à fait, cela donne un sens (du "liant") au tout, sans que cela revienne à écouter la même chose pendant une heure ...

Il y a beaucoup d'allusions à la mythologie sur l'album, certaines explicites, d'autres plus symboliques ou cachées. De quoi parle le morceau chanté en grec " Diskover " ? Qui est le personnage féminin de " We love us " et que représente le cheval de Troie de "Trojan waltz" ?
Vincent: Alors, le morceau chanté en "proto-grec" est une interprétation "libre" de la tablette en argile datant de 1700 avant JC qui a été retrouvée dans le palais de Phaistos au sud de la Crète, juste face à la Lybie (l'Afrique donc)... je l'ai traduite en faisant une hypothèse de type syllabique où chaque "hiéroglyphe" est censé être dit par son mot, (le plus simple possible pour s'en souvenir, en grec par hypothèse) et on récupère la première syllabe, ainsi de suite. Le texte tel que traduit est différent selon les deux faces (à la façon d'un CD avec face A et face B, d'ailleurs la taille est curieusement similaire 14 cm de diamètre!): la première face parle d'un sacrifice humain pour que la pluie vienne et favorise la vie et les récoltes, en luttant contre les maléfices de Antarès (je pourrais t'en parler des heures ...). la seconde face parle de l'attaque d'un cavalier "Philippe" fou et monstrueux, qui est maitrisé par le héros de la foule, celui qui a su lire dans l'au-delà (présage) et prévenir son attaque: on n'est pas loin ici du "cheval de Troie" ... qu'on retrouve en effet dans "Trojan waltz": il s'agit la d'une allégorie qui consiste à représenter la grande vague (Tsunami en son temps) qui a déferlé en pénétrant dans la Mer Noire (suite à l'écartèlement du détroit du Bosphore (enfin je crois) qui séparait la Mer Egée de la Mer Noire par un immense cheval de cent mètres de haut, à proximité immédiate de ... la ville de Troie (3000 avant JC). c'est le mythe du déluge dont seuls les marins s'en sont sortis, grâce à leurs bateaux, mais condamnés à fuir ce lieu maudit et arpenter les océans à la recherche de lieux plus paisibles ... de là, la Crète, la Grèce, l'Italie, et pourquoi pas le Portugal, la Bretagne, l'Irlande ... Bref les fameux "peuples de la mer" dont on a trouvé nulle trace ... sauf peut être : le disque de Phaistos (c'est mon sentiment profond). Voilà, j'arrête la pour les digressions (pré-)historiennes ... "We love us" est d'Yves, dans les grandes lignes c'est sur le narcissisme, et les "United States"...
Yves : Venus...et L'Iliade. En fait, "Trojan waltz" est une chanson de marin, qui se passe sur la Mer Noire. Puis ca devient gentiment apocalyptique.

La légende de Phaéton est tragique : il meurt car il ne peut maîtriser le char qu'il a insisté pour emprunter à son père Le Soleil. Dans la chanson " Phaeton and sun " sont évoqués le Soleil et son fils Phaéton conduisant ensemble. Est-ce une image de la légende ou une évocation imaginaire et consolatrice ?

Vincent: c'est tout à fait une image de la légende, sur la transmission parents-enfant, et surtout une forte empreinte nostalgique sur l'enfance de mes filles qui ne restera pas éternelle ... Au passage, Stéphane Marchi [auteur du texte de "Berlin", joueur de flûte sur "Pray for the great day" et "Trojan waltz"]m'a précisé que, dans cette légende, le char et son soleil sont ainsi tombés ... en Lybie (face à la Crète donc) et que c'est depuis cet événement que les Africains sont devenus noirs ! je trouve cette anecdote très forte et touchante.

A l'époque de Turquoise Fields, Olivier disait que vous écriviez chacun vos morceaux (Olivier, Vincent et Nico) et que chacun aimait le style des autres. Aujourd'hui, chaque morceau est-il écrit par l'un de vous ou bien y a-t-il des morceaux composés collectivement dès le départ ? Comment se répartissent la composition des musiques et l'écriture des textes ? Cet album est ainsi premier de son genre, entre autres parce que Nico chante et que Vincent chante une plus grande partie des morceaux (la moitié).
Ronan: Au départ l'idée de base est toujours amenée par l'un d'entre nous, et généralement complétée par les autres, soit en répétition, soit "at home". L'exception concerne les morceaux de Vince : il en a généralement une idée très aboutie dès le départ, ils ont une forte personnalité et on fait plus du travail d'arrangement dessus. Pour les autres, on se donne de la liberté pour essayer des idées, des changements de structures… Il n'y a pas vraiment de répartition préétablie, on écoute les idées des uns et des autres et on les retient ou pas. Pour les textes, c'est selon l'inspiration ; j'ai été tout de suite très inspiré par la musique de "Eyes and heart", ça m'a donné l'idée d'une histoire à raconter. Vincent a participé aussi ... Pour les titres que j'ai amenés, j'avais déjà 80% du texte écrit et je n'ai eu qu'à le compléter. Il y a eu aussi un gros travail de "mise en boîte" par Nico dans son home studio.
Yves : Oui note que sur The World is flat les compos avaient été pas mal bossées en groupe, c'est super sympa mais pas si simple que cela. On partirait vite à faire un bœuf sur du Led Zeppelin avec Nico ! Sur out of the Blue, on a effectivement tous écrit des morceaux séparément, puis on a travaillé surtout en binôme (parfois à trois mais jamais à quatre). Nico a fait partie de tous les binômes avec un super travail sur le logiciel Sonar, apportant ainsi la cohérence dès les phases en amont. A part Nico, on a varié en permanence de sorte que tout le monde a fait quasiment tous les rôles. Ca parait compliqué mais en fait ca s'est fait assez naturellement. Juste pour l'anecdote j'ai bossé une version de "Pompéi" avec Stéphane Marchi, version que j'adore mais très différente du morceau final que j'adore aussi. Pour les paroles, c'est plus compliqué, Heureusement que Ronan nous a aidé pour les textes en anglais. Composer en anglais, ce n'est pas mon truc. Cela dit, il y a certains morceaux qu'on n'a jamais vraiment joués à quatre ("We love us" par exemple). je ne trouve pas que ce soit un problème : dans le fond, on joue aujourd'hui des morceaux de Little Nemo jamais joués sur scène auparavant, c'est peut être un cycle, non ? Ce qui est bien, c'est la liberté que cela nous a donnée.
Vincent : L'ensemble des titres de out of the Blue ont été composés initialement chacun de son coté, en gros deux-trois titres par membre du groupe (ce qui fait donc douze) puis ont été partagés et surtout "mûris" collectivement, ou par binôme dans un premier temps (Nico a notamment

Yves recherchant un arrangement pour "Le dormeur du val" en répétition (Photo The Joker)
apporté beaucoup d'idées d'arrangements décisifs dans beaucoup de titres). je trouve d'ailleurs que l'aspect "Groupe" a très bien fonctionné dans cette aventure out of the Blue, même si, par ci par là, il n'est pas toujours évident de partager les idées, ce qui est humain. Mais comme l'homme possède un esprit "numineux" (terme de Carl Gustav Jung je crois), il est capable de s'adapter aux visions qui ne sont pas les siennes initialement. En bref, je trouve cet album très réussi collectivement et souhaite qu'on persévère encore pour atteindre la perfection collective ... bref je m'enflamme; A l'époque, je pense que l'aspect collectif existait aussi dans une moindre mesure car il y avait une tendance assez nettement bipolaire au début (mes idées et celles de Olivier étant assez distinctes), tripolaire (avec Nico), puis multipolaire à la fin.

On retrouve sur cet album des compositions évoquant votre style passé ("Last sunset" a des racines dans "Sandcastle" et les valses comme "Le dormeur du val" ou les morceaux au piano comme "Phaeton and Sun" faisaient déjà partie de votre vaste spectre musical). Les douze morceaux de l'album sont-ils des compositions anciennes ou nouvelles ? D'autres morceaux comme le théâtral "Diskover", "Pompeï" et son refrain reggae ou bien "Billion seasons" (dont le démarrage atmosphérique débouche sur une ritournelle psychédélique sixties) s'éloignent plus du style de l'époque 1988-1992.Qu'est-ce qui vous a inspiré musicalement pour les écrire? est-ce que vos expériences musicales plus confidentielles après la dissolution de Little Nemo en 1993 vous ont été utiles pour cela ou bien s'agit-il d'autres inspirations plus contemporaines ?
Yves : Elles sont nouvelles à l'exception de quelques titres. Il y a par exemple "La nuit opère" faite dans une autre version avec Aqualites [projet de Vincent, Ronan et Yves formé après le split de 1993]. cela dit, je pense qu'on adore les tournures en ternaire, surtout en live. Pour moi ça donne une pulsion naturelle. Mon truc c'est de faire du reggae ternaire. Ca parait bête mais ca passe super naturellement au final. C'est vrai qu'on a écouté, joué et composé pas mal de choses. Il y a vraiment deux mondes, celui de jouer en live et celui des influences. Personnellement je suis plus influencé par des voyages et des rencontres que par des trucs qui passent en radio ou des groupes. En fait il me semble aussi qu'on s'est beaucoup imprégnés du vieux Little Nemo. Tout cela est un peu chimique. On est des machines à inventer à partir de ce qu'on vit non ?
Nico : Les douze morceaux sont toutes des compositions datant de 2009, sauf "Billion seasons" et "Golden days" qui sont de 2010. Pour te répondre, je pense que quand tu démarres la composition d'un morceau, tu te laisses aller à ton inspiration sans vraiment calculer pour savoir dans quel style ça va sonner, en gros tu es emmené par la composition et non par ta volonté de donner dans tel ou tel style...Bien sûr les dernières musiques que tu as écoutées et aimées ont certainement de l'influence, au même tire que les outils que tu utilises pour composer (le home studio en l'occurrence).
Yves : Il me semblait que "Trojan waltz" était arrivé sur le tard... truc composé en quinze minutes en pensant à un groupe que j'adorais: Resistance.
Ronan : ce sont toutes des compositions récentes, mais j'avais l'idée de "Last sunset" et de "Golden days" depuis quelque temps déjà (j'ai des versions piano très différentes de l'enregistrement). je pense que s'il y a des similitudes, c'est surtout lié au style et aux références musicales de chacun, qui fait qu'on va avoir des idées avec quelques points communs. J'aime particulièrement "Billion seasons" pour ses trois ambiances successives (un peu à la manière du morceau "Turquoise fields"), avec une ambiance plus Beatles vers la fin. Une autre façon de rendre hommage au passé! "Diskover" et "Pompéi" ont de très belles lignes de violoncelle qui renforcent la couleur générale de ces morceaux. En tout cas je ne pense pas que les expériences post Little Nemo 1992 aient été un guide pour ces morceaux, il s'agirait plutôt de concilier des influences contemporaines et plus "classiques" pour moi.
Vincent : Il ne s'agit que de nouveaux morceaux, excepté "Le dormeur du val" que j'avais composé il y a environ dix ans (époque où je l'avais d'ailleurs interprété à Tulle, en compagnie de Mathieu Boogaerts d'ailleurs qui avait également chanté des super chansons de son répertoire) pour une amie qui a perdu son amoureux en montagne. Bref, elle adorait ce texte de Rimbaud et j'ai eu grande envie de l'interpréter. Sinon, tous les autres sont des "primeurs" (de quatre ans d'âge toutefois maintenant). Il y a sans doute en effet des réminiscences du passé et des sources d'inspiration de la vieille époque Little Nemo (type Past & Future) qui ne se sont pas taries et dans lesquelles ont est aller puiser ... Concernant "Pompéi", c'est une idée en effet "Reggae ternaire" de Yves à laquelle j'ai adhéré illico presto dès la première écoute, notamment car sa nièce avait chanté les fameux "oh oh" qui ont été depuis interprétés par ma fille Clara et que j'adore. Et bien sûr, le texte est admirable: la beauté naturelle de la Méditerranée et l'omniprésence de la mort (les anciens avaient la malheureuse coutume d'aller s'installer sur les pentes des volcans pour favoriser l'agriculture ce qui leur a souvent été fatal: paradoxe naturel). Théâtral "Diskover" ? tu ne crois pas si bien dire, puisque dans mon esprit ces chants anciens devaient être déclamés dans un théâtre situé en hauteur au niveau du temple de Phaistos. Le théâtre et son double comme disait Artaud... "Billion seasons" est une pure œuvre à la Nico que j'adore également et qui m'a inspiré ce texte très pharaonique, également sur le passage dans l'au-delà, la pesée des âmes juste après la mort ... A-t-on été bon ou mauvais ?... Concernant l'épisode Aqualites, je pense que cela m'a personnellement permis de ne pas décrocher d'avec la poésie [le groupe interprétait des poèmes mis en chanson]. Toutefois, Nico nous a dit, et je lui en suis gré, de ne pas persévérer dans cette voie trop naïve ou "chanson française", et nous a insufflé son énergie "rock" naturelle, ce qui a été favorable pour éviter de sombrer dans une sorte de mélancolie un peu bourbeuse quoique je ne renie pas les titres que nous avons enregistrés avec Aqualites: c'est juste que çà manquait sans doute un peu de "tonus". Sinon, en ce qui me concerne, j'ai été très inspiré par les Beach Boys pour cet album (même si cela ne s'entend absolument pas au final, enfin je crois ...)

en répétition avec le violoncelliste Iann-Elfinn (photo The Joker)
J'entends bien les Beach Boys sur l'harmonie vocale que tu fais sur " Billion seasons ", mais c'est fugace...
Ronan : En fait ça fait plus penser à Lennon je trouve, comme harmonie vocale ...

Le rôle joué par le home studio de Nico revient dans vos réponses. En quoi est-ce qu'il a influencé ou modifié le façonnage final des morceaux par rapport à votre travail de composition des années 90? Quelles voies vous a-t-il ouvertes?
Nico : Le logiciel qu'on a utilisé (Sonar) a servi a la pré production de tous les morceaux, en fait les idées brutes de départ ont été travaillées sous différents angles, pour voir ce qui les rendaient efficaces. Par exemple, sur "Last sunset", j'ai testé plusieurs lignes de basse ou de guitare avant de retenir celles qui semblaient les plus efficaces. On peut aussi tester différentes mélodies voix ou d'harmonisation chœurs et différentes solutions d'arrangement qu'on a d'ailleurs souvent "bouncé" pour le studio (c'est à dire gardé telle qu'on les avait faites dans le home studio) par exemple les arrangements de percussions sur "Golden Days".
Ronan : Ca nous a permis d'avoir plus rapidement des maquettes abouties avec un "son" déjà proche du résultat final, et donc de réagir plus vite sur les ajustements à faire, ou même dans certains cas de se convaincre tout de suite qu'un morceau "sonnait bien". A l'époque on devait s'enregistrer comme on pouvait sur des 4 pistes et c'était assez contraignant. En plus de ça les logiciels actuels intègrent pas mal de choses (rythmes, sons ...) ce qui permet de travailler comme dans un laboratoire : on change le rythme, on explore les sons… et cela sans avoir à payer des heures de studio d'enregistrement, et (quasiment) à toute heure ... beaucoup plus pratique !

Puisqu'on parle de composition, quelle est la chanson idéale que vous auriez aimé écrire ?

Nico : En ce moment je fais une fixation sur "Ramble on" de Led Zeppelin...basse, mélodie voix, riff guitare tout est excellent dans ce morceau que j'ai récemment redécouvert!
Yves : Excellent choix.... Et deuxième citation de Led Zeppelin de l'interview (on se refait pas hein?) comme quoi les corbacs ont aussi des racines rock.... Choix difficile mais finalement je dis "Space oddity" de David Bowie.
Vincent : Celle qu'on va bientôt enregistrer ... Non je blague ! Euh ... euh ... difficile exercice ! je dirai peut être "Melody Nelson" [de Serge Gainsbourg], mais c'est un peu réducteur... je réfléchis encore ...non j'abandonne, restons sur "Melody Nelson".
Ronan : Ha la question piège ! Allez, "California dreaming" des Mamas and Papas! sinon : "Street spirit" de Radiohead et "Velouria" des Pixies.
Nico : Et sinon en numéro deux, "Enjoy the silence" de Depeche Mode que je vais voir en concert bientôt ... Mais mon morceau fétiche c'est quand même "Moonchild" de Fields of the Nephilim, à l'époque leur jeu de guitare m'avait inspiré le morceau "Hillside manor"!
Vincent : OK, si j'ai droit à un remord, ce sera ............ "Rosalie" : "Rosalie, Rosalie Oh!, Rosalie, Rosalie Ah!" de notre regretté Carlos. Admirable Carlos ! c'est lui qui a tout compris à la VIE !

Vincent, comment as-tu choisi "La Nuit Opère" d'Antonin Artaud (auteur à qui après le rendez-vous manqué de Marine [le poème d'Artaud qui a donné son nom au morceau "Marine" n'était pas libre de droits à l'époque et Vincent a du écrire son propre texte], tu as emprunté le titre d'un de ses poèmes, "Orgues Allemands") ? c'est un texte plus cru et surréaliste que d'habitude qui t'a amené à le chanter d'une façon inhabituelle. Yves nous a précisé que c'était à l'origine une composition d'Aqualites
Vincent : ah mais oui, j'avais oublié: celui-là on l'avait déjà enregistré avec Aqualites (version singulièrement différente toutefois, plus folk-rock que Joy Division) ! Donc j'avais faux tout à l'heure, il y avait en fait au moins deux anciens titres qu'on a repris dans out of the Blue... J'adore Artaud. Pour moi, Ian Curtis et Antonin Artaud sont des esprits également torturés et qui ont donné naissance à de l'art brut ... et pur !

Où est passée "La Cloche Fêlée" (titre issu de l'album solo inédit de Vincent de 1992, joué en concert à partir de 2009 mais absent de out of the Blue) ? est-ce que le fait de reprendre des classiques du XIXème siècle rend à côté plus difficile l'écriture en français (il n'y a que "Pompéi" comme texte original en français sur l'album) ?

Vincent : J'aime beaucoup "La cloche fêlée", mais le trouve trop "poussiéreux" pour avoir sa place dans l'univers Little Nemo 2013. En tout cas, il n'aurait pas trouvé sa place dans out of the Blue je pense.
Yves : Excellente question!

Dans votre première incarnation, les thèmes des chansons étaient la nostalgie de l'enfance, des incertitudes du cœur et du temps qui passe, des préoccupations adolescentes et individualistes. Le thème de la mort comme passage à un autre monde revient plusieurs fois dans l'album, soit à travers un personnage ("Billion seasons", "Last sunset") soit collectivement, le genre humain confronté à une catastrophe ou un cataclysme ("Golden Days", "Pompéi", "Starship"). Il y a simultanément une distanciation second degré ("we're the fool angels of the century" sur "Starship"), les inflexions vocales à la Sisters of Mercy sur certains passages de "Last sunset"... Est-ce que c'est une échappatoire au désespoir et à la fatalité?

Vincent : Ben c'est peut être le demi-siècle qui frappe à la porte ? ... je pense que cela nous inspire plus fortement qu'avant cette trame un peu philosophique... et ce regard porté vers l'au delà. On devient philosophe les gars ? mouais, je pense.
Nico : Dans un futur très lointain cher Joker, il n'y a plus de futur mais un passé! Le temps est quelque part une illusion. Le grand départ se passe sous forme d'une longueur d'onde, d'une lumière voire d'une équation...
Ronan : Ben je ne sais pas trop ...Si je parle pour moi, ce sont des images assez fortes qui m'ont inspirées, soit dans ma vie personnelle, soit dans un futur que j'espère très hypothétique. J'ai été assez marqué dans mon enfance par les histoires d'apocalypse, de Nostradamus… Et avec tout le temps qui a passé, les préoccupations ou les sujets d'intérêt ont sans doute évolué et "mûri" ; ça ne m'empêche pas de revendiquer des aspects de personnalité un peu plus enfantins qui sont à mon avis indispensables pour continuer à rêver et ne pas se retrouver trop vite comme un "désespéré". Sans doute encore un brin de nostalgie, aussi... Vincent : OUI moi aussi !
Yves : je pars lire Freud et je reviens. Pas sur que ce soit si compliqué. Il y a du romantisme et de l'humour il me semble aussi.

L'eau, la mer apparaissent comme un refuge dans vos morceaux (l'océan qui attend dans "Golden days", l'eau qui étanche la soif dans "We love us"). Le choix de la mer sur la pochette était-il voulu dès le départ ou est-ce le hasard ?
Vincent : ce qui est certain, c'est que j'étais inspiré dès le début par la mer Egée et la Crète antique dans ce nouveau projet. Le choix de la photo s'est fait malgré tout un peu "par hasard" en regardant différentes photos transmises par Jérôme Sevrette, et là : j'ai flashé ! je pense que cette photo incarne véritablement l'album: qu'en pensent les autres ? J'aime beaucoup l'idée de la mer(e) refuge en effet.
Ronan : Absolument d'accord avec Vince ! La photo colle parfaitement au thème ; elle s'appelle "L'ile" et ça tombe très bien, on est encore dans le refuge face à l'immensité ... Et puis j'ai une grande affinité pour les bords de mer ... (enfin, pas ceux qui sont bétonnés !)
Yves : c'est le thème méditerranéen. Moi j'aime bien le phare qui ressemble à un bras de tourne disque.


Au studio Val d'Orge, échanges sur des idées d'arrangement, Jean TAXIS à la console (photo The Joker)

Pourquoi et comment avez-vous collaboré avec la chanteuse Aurélia et le violoncelliste Ian-Elfinn, d'abord lors du concert de 2009 à La Locomotive, puis en studio pour out of the Blue ? est-ce que c'est un accompagnement, une couleur particulière que vous recherchiez depuis longtemps ?

Ronan : On a connu Ian-Elfinn via Daniel Gouyette [réalisateur qui a filmé le concert de la Locomotive en 2009], à l'époque il jouait dans les Fragments de la Nuit. Il s'est montré très intéressé par notre projet et le fait de jouer avec nous, même (et peut être parce que) c'était éloigné de ce qu'il faisait. Il nous a accompagnés sur "La ballade des pendus" qui était le titre où le violoncelle était le plus évident à la Locomotive, et on a bien accroché sur son jeu et son "feeling". Ensuite on lui a passé nos maquettes et il a apporté de très bonnes idées sur plusieurs morceaux. J'avoue que le son du violoncelle en studio "prenait aux tripes"! Pour Aurélia, c'est Nico qui l'a "recrutée" je crois, au départ on voulait une voix féminine sur "Tales of the wind" à la Locomotive, et finalement on a pensé que c'était un apport intéressant pour certains titres de l'album.
Vincent : alors là : un rêve de gosse pour le violoncelle et je dois dire que Ian Elfinn m'a scotché : j'adore sa patte et les sonorités qu'il a su apporter, notamment sur "Diskover" et "Le dormeur du val". J'aime aussi beaucoup la voix d'Aurélia, qui a su incarner la méchante sorcière incantatoire dans "Diskover"... hen hen hen ! Mais aussi la douceur de sa voix dans "Eyes and heart". Elle apporte un charme nécessaire! je pense qu'il faut absolument qu'ils soient à nouveau présents dans le futur Little Nemo...

Pourquoi avez-vous choisi de retravailler avec Jean Taxis (producteur sur Turquoise Fields et The World is flat)? Qu'avez-vous pu faire sur l'enregistrement de cet album que vous n'aviez pas pu faire sur vos anciens albums ?
Ronan : Jean Taxis c'est essentiellement qu'on se connait très bien lui comme nous, et qu'on se comprend très vite sur tous les aspects de l'enregistrement ce qui accélère beaucoup d'étapes. Et puis ses qualités d'écoute (double sens) sont très appréciables et on travaille en toute confiance avec lui. On aime bien aussi le son de son studio et de sa console. En studio l'apport essentiel pour moi a été sur les voix et sur le son de batterie, plus naturel. On a pu utiliser aussi plus d'éléments acoustiques (piano ...) et ajouter du violoncelle et une voix féminine, choses nouvelles pour nous.
Vincent : Jean nous connait bien et nous le connaissons bien aussi: ses talents d'orfèvre du son notamment qui sont une assurance de qualité finale ! Il nous a beaucoup aidé dans la production et les mixages et à contribuer à donner cette tonalité si particulière et intimiste à out of the Blue, aussi je lui en suis très reconnaissant ! Dans cet album, nous avons clairement eu le temps de nous poser, d'y réfléchir, sans pour autant nous lasser, ce qui n'est pas un exercice évident. J'ai le souvenir que dans le passé, soit ça passait (mise en boite rapide) soit ça cassait (lassitude s'installant inexorablement). Mais là, le coeur a été là jusqu'au bout, soit trois ans de lent concoctage, comme une recette de cuisine qui s'étalerait sur trois années ... Master chef je vous dis !
Yves : Jean est un ami avant tout. Il a de grande qualité d'écoute et c'est un as.
Nico : Jean est un perfectionniste et un ami, il était également très motivé par le projet après écoute des maquettes!

Juste après la sortie de Out of the Blue, à quoi rêve maintenant Little Nemo?
Vincent : Into the Sun! Ca le fait non comme nom d' album? Plus sérieusement, j'aimerais bien qu'on se lance dans la conception d'un nouveau album LN ... et je travaille d'ailleurs des idées pour cela.
Yves : C'est rigolo car jamais on a discuté de cela entre nous. Pour moi ce que j'aimerai faire immédiatement c'est évidemment du live du live du live. Sinon explorer les possibilité qu'offre le net. Aujourd'hui , Il y a énormément de possibilité à explorer pour sortir du cadre monodimensionnel de la musique seule. Mais rien ne vaudra jamais la 5D du live. ll se pourrait bien qu'il y ait un autre reggae ternaire.
Ronan : Le rêve c'est un voyage dans l'espace ; au-delà de "into the sun" comme le dit Vince, ce serait "Towards the Suns" !
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